Action
directe
L’« action
directe» consiste, pour les individus, à exercer directement leur pouvoir de
citoyen dans les affaires de la cité en intervenant sur la place publique, sans
passer par l’intermédiaire des institutions sociales et politiques. Ainsi, on
misera, pour obtenir des changements dans la société, davantage sur l’« action
de rue » que sur le « bulletin de vote ». La théorie de
l’action directe se fonde sur une critique du fonctionnement habituel de la démocratie
« formelle » qui permet rarement au citoyen de faire vraiment
entendre sa voix, d’avoir prise sur la réalité et de participer aux prises
de décisions engageant l’avenir de la cité. Par le vote, le citoyen délègue
son pouvoir, il ne l’exerce pas.
Le
suffrage universel est l’un des éléments constitutifs de la démocratie. Il
n’y a pas de démocratie sans élections libres. Elles permettent à une société
de se protéger contre la dérive, toujours possible, vers un régime
totalitaire. Cependant, des élections libres ne suffisent pas à garantir la démocratie
de participation. Il convient de reconnaître les limites et les insuffisances
du suffrage universel. Lorsque des dirigeants politiques ont été démocratiquement
élus, leurs décisions sont certes légales, mais ce n’est pas pour autant
qu’elles sont légitimes. Si les citoyens ont des raisons majeures pour les désapprouver,
ils n’ont pas à attendre les prochaines élections pour le dire haut et fort.
De même, ce n’est pas parce qu’il émane d’une majorité qu’un choix
est forcément juste. Ceux qui le contestent n’ont donc pas à s’y rallier
pour la seule raison qu’ils se trouvent minoritaires. Certes, il leur
appartient d’œuvrer pour un changement de majorité mais, précisément pour
cela, ils ne sauraient se cantonner dans l’attente inactive des prochaines élections.
Il leur faut agir directement pour interpeller l’opinion et les pouvoirs
publics en dénonçant les injustices du désordre établi et en exigeant que
justice soit rendue à ceux qui en sont les victimes. L’action
directe des citoyens est non seulement légitime, mais elle est nécessaire
à la respiration même de la démocratie.
Les
plaidoyers en faveur de l’action directe se sont souvent identifiés à une
apologie de l’action violente. Divers groupes d’action directe ont recouru
à la violence armée non seulement pour combattre la « démocratie
bourgeoise », mais pour « l’abattre ». Ce qu’ils ne
pouvaient attendre des élections, ils voulaient l’accomplir par la révolution ;
et celle-ci exigeait de recourir à la violence. Mais la violence isole la révolution.
Son efficacité est surtout de renforcer les systèmes répressifs des pouvoirs
établis. De fait, elle s’avère incapable de changer le désordre établi.
Au-delà des impasses auxquelles on aboutit en agissant seulement dans le cadre
des institutions de la démocratie parlementaire, et au-delà des contradictions
dans lesquelles on s’enfermerait en agissant par la violence, l’action
directe non-violente, dès lors qu’elle est organisée collectivement, peut
permettre de s’opposer efficacement aux abus des pouvoirs établis, de
combattre les injustices sociales et de réaliser les changements nécessaires.
L’action
directe non-violente peut être légale ou illégale, selon les dispositions de
la loi en vigueur qui au demeurant sont changeantes par nature. Ainsi le simple
fait de distribuer un tract sur la place publique peut se faire soit en
conformité avec la loi, soit en violation de celle-ci. Mais l’action illégale
peut être légitime, car l’exigence de la justice doit être plus forte que
la contrainte de la loi.
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