Sabotage
La destruction de biens matériels peut-elle trouver
sa place dans le cadre d’une stratégie de l’action non-violente ? La « violence »
perpétrée contre les biens matériels n’est pas immorale en soi : ils
n’en souffrent pas. Cependant, les propriétaires de ces biens peuvent
ressentir cette destruction comme une violence commise à leur encontre. Par
ailleurs, une telle destruction risque d’indisposer une partie de l’opinion
publique et s’avérer ainsi contre-productive par rapport à la fin recherchée.
Les actions de sabotage doivent donc être particulièrement bien ciblées pour
s’intégrer à la dynamique d’une lutte non-violente. En aucun cas, il ne
peut s’agir de détruire pour détruire, à seule fin de causer des dommages
matériels à l’adversaire. Le fait de casser des vitrines de magasins ou de
mettre le feu à des voitures n’a jamais fait avancer la moindre cause. De
telles destructions ne peuvent que discréditer les « casseurs »
auprès de l’opinion publique et servir à justifier la répression.
Le « sabotage non-violent » ne peut avoir
pour objectif que d’empêcher l’adversaire d’accomplir une injustice en le
privant des moyens qui lui sont nécessaires pour agir. Il est essentiel d’établir
clairement que les biens détériorés servent directement à perpétrer
l’injustice. Chaque fois que cela est possible, il faut dé-construire plutôt
que détruire, démonter plutôt que saccager, défaire plutôt que casser. Tout
particulièrement, le recours aux explosifs susceptibles de causer
d’importantes destructions est inopportun dans le cadre d’une lutte
non-violente. Même si toutes les précautions sont prises pour que ces actes de
sabotage ne tuent ni ne blessent personne, par le fait même qu’ils ont la
capacité technique de blesser et de tuer, ils seront probablement perçus comme
des actes de violence par l’opinion publique qui les condamnerait comme tels.
On créerait alors un climat psychologique de peur qui ne permettrait plus la
mobilisation du plus grand nombre.
Le sabotage technologique qui consiste à mettre hors
d’usage certains instruments ou certains équipements de l’adversaire peut
s’intégrer dans une stratégie de l’action non-violente. Le plus souvent,
il suffit d’enlever telle ou telle pièce nécessaire à leur fonctionnement
pour les rendre inutilisables. Ce qui est plus approprié aux conditions d’une
lutte non-violente, c’est de multiplier les sabotages discrets dont l’effet
paralysant peut être très important. On peut accumuler les pannes mineures qui
peuvent neutraliser des systèmes entiers. De même, le piratage informatique
peut mettre à mal les moyens de communication de l’adversaire.
Pour empêcher un train de circuler, plutôt que de
faire sauter un pont, il est plus simple d’enlever quelques pièces nécessaires
au fonctionnement de la locomotive. De même, au cours d’une grève, les
ouvriers peuvent enlever telle ou telle pièce d’une machine afin qu’aucun
briseur de grève ne puisse la faire marcher. Il est bien qu’ils en prennent
le plus grand soin, en l’huilant et la déposant dans un tissu, afin de
pouvoir la remettre à sa place le jour de la victoire…
Généralement, les actes de sabotage se feront en
violation de la loi dont les dispositions garantissent la sûreté des biens. Il
reviendra aux résistants d’assumer les conséquences de leurs actes de désobéissance
civile.
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