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Résistance

C’est encore souvent l’expression de « résistance passive » qui est employée, notamment par les médias, pour désigner la résistance non-violente. Pourtant, la notion même de « résistance passive » comporte une contradiction intrinsèque qui lui enlève toute pertinence. Une résistance ne peut pas être passive : la passivité se caractérise précisément par le fait qu’elle n’offre aucune « résistance » à quoi que ce soit. L’expression « résistance passive » porte la marque des idéologies dominantes selon lesquelles il ne pourrait y avoir d’action que violente ; dès lors, le refus de la violence impliquerait le refus de l’action et ne pourrait n’exprimer que la passivité. C’est ainsi que la non-violence s’est trouvée souvent discréditée sous prétexte qu’en refusant de résister au mal elle désarmerait les bons et ferait le jeu des méchants.

En réalité, refuser de répondre à la violence par la violence, c’est précisément refuser de se soumettre à la logique de la violence que l’agresseur veut nous imposer et lui offrir la plus forte résistance possible. Refuser de rendre coup pour coup, c’est avoir la force, l’énergie, le courage de faire face pour en-visager l’ad-versaire et défier sa menace ; c’est lui refuser de prendre prétexte de notre contre-violence pour justifier sa propre violence. Car il attend notre riposte. Il pense même la mériter, en quelque sorte y avoir droit. Et le fait qu’il ne la voit pas venir le déconcerte et le confond.

Ce n’est qu’à l’intérieur du système de la violence que la contre-violence peut apparaître comme un moindre mal, mais l’objectif doit être de sortir de ce système. Or la contre-violence ne peut pas être efficace pour combattre le système de la violence ; elle en fait elle-même partie et ne fait donc que l’entretenir, que le perpétuer. Même lorsqu’elle apparaît comme un « moindre mal » selon les repères du système de la violence, la contre-violence est en réalité un mal qui continuera de contaminer l’avenir.

La véritable résistance à la violence, c’est de refuser d’imiter la violence du violent, afin de rompre l’engrenage de la violence ; c’est récuser la vieille loi du talion « Œil pour œil, dent pour dent, mort pour mort » qui prolonge indéfiniment le cycle des revanches et des vengeances. Résister par la violence à la violence, c’est faire le jeu de la violence, c’est lui céder, c’est être sub-jugué, vaincu par elle. Aussi la non-violence est-elle une résistance, un affrontement, une lutte, un combat. C’est pourquoi elle est plus éloignée de la lâcheté, de la passivité et de la résignation que de la violence. Faire l’option de la non-violence, c’est vouloir offrir à la violence la résistance la plus active qui soit, avec la conviction que la non-violence est une plus forte résistance à la violence que la contre-violence.

Agressivité

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