Objectif
En fonction de l’analyse de la situation
conflictuelle face à laquelle on a décidé d’agir, il faut choisir
l’objectif à atteindre. Le choix de l’objectif est essentiel pour bien
entreprendre une campagne d’action directe : de lui seul peut dépendre
la réussite ou l’échec. C’est un impératif stratégique de choisir un
objectif clair, précis, limité et possible. Il convient de décider ce qui
doit être exigé en sorte qu’aucune concession ne doive être faite au cours
des futures négociations. Il ne s’agit donc pas d’exiger l’impossible
pour obtenir le possible ; il s’agit de demander le possible et de
l’obtenir et, pour cela, de s’y tenir sans jamais transiger. Pour cela, il
faut distinguer ce qui est souhaitable et ce qui est possible.
C’est se condamner à l’échec que de choisir un
objectif dont l’importance se trouve disproportionnée par rapport aux forces
que l’on peut raisonnablement mobiliser pour mener l’action. Il est
essentiel que l’objectif choisi permette la victoire. Pour être véritablement
efficace, une campagne d’action ne doit pas se trouver réduite à un simple
mouvement de protestation et de sensibilisation. Il faut obtenir gain de cause ;
il faut gagner. Lorsqu’un système social, économique ou/et politique est
structurellement injuste, on peut toujours affirmer vouloir le « détruire »,
l’« abattre ». Cependant, le réalisme oblige à choisir un point
précis du système qui permette d’avoir prise sur lui, de pouvoir le faire
bouger et de le faire basculer en agissant sur lui comme avec un levier. Ce
point précis, ce sera la prise. Il faut se donner le maximum de garanties pour
que la prise soit la bonne. Il ne faudra pas la lâcher et il ne faudra pas
qu’elle lâche.
Les revendications du mouvement doivent être réalistes
et susceptibles d’être acceptées par la partie adverse. Il importe de tenir
compte des droits de l’adversaire et faire en sorte – pour autant que faire
se peut – qu’il ne perde pas la face. L’objectif doit être déterminé
dans une perspective qui permette, sinon une réelle réconciliation –
celle-ci, selon toute vraisemblance, ne pourra venir que plus tard, lorsque le
temps aura fait son œuvre –, du moins une conciliation qui permette une
coexistence pacifique entre les deux parties. La visée de la stratégie de
l’action non-violente est de transformer l’adversaire en un partenaire.
La victoire acquise sera nécessairement partielle et limitée, mais elle
viendra donner confiance aux militants et, plus largement, à tous ceux à qui
elle profitera. Il sera alors possible de mener d’autres campagnes avec des
objectifs de plus en plus ambitieux.
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