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Ce qu’on appelle communément une « manifestation »
est le défilé de personnes qui forment un cortège et parcourent à pied une
ville en se rendant d’un lieu symbolique à un autre. Il s’agit de
rassembler tous les militants et les sympathisants d’une cause afin de
« faire nombre » et d’interpeller ainsi l’opinion publique. Même
si elle est silencieuse, la manifestation doit être « parlante ».
Des pancartes et des banderoles portant quelques inscriptions simples et des
tracts donnant davantage d’explications doivent permettre de renseigner le
public sur les raisons et les objectifs de l’action. Il ne va pas de soi
qu’une telle manifestation soit non-violente. Pour cela, il importe que les
slogans ne comportent ni injures ni insultes à l’encontre de l’adversaire.
Il importe également qu’elle ne soit pas perturbée par des « casseurs »
et, pour cela, les organisateurs doivent prévoir la mise en place d’un
service d’ordre. Une marche consiste à parcourir à pied de longues
distances de ville à ville à travers un ou plusieurs pays pour sensibiliser à
une injustice les populations des régions traversées et pour interpeller les
opinions et pouvoirs publics. Avant le départ, il est indispensable de prendre
contact, dans chacune de ces villes, avec les mouvements, associations et
personnalités susceptibles de prendre position en faveur des marcheurs et de
former un comité de soutien pour préparer leur passage. Des comités de
soutien peuvent aussi être constitués dans des villes non situées sur le
parcours de la marche, afin d’organiser des actions-relais pour amplifier la
popularisation de l’action et renforcer la pression de l’opinion publique. La longueur et la durée d’une marche sont des
facteurs essentiels de son efficacité. Ils sont même plus importants que celui
constitué par le nombre des marcheurs. Leur lente mais constante progression
sur la route, qui exprime chaque jour avec plus de force leur résolution et
leur détermination à « aller jusqu’au bout », permet au temps de
travailler pour eux en favorisant une lente mais constante progression de la
sensibilisation et de la mobilisation de l’opinion publique. À chaque ville-étape, des réunions publiques
peuvent être organisées afin d’informer les habitants et de provoquer un débat
public sur les revendications des marcheurs. Des délégations peuvent demander
à être reçues par les autorités locales afin de faire valoir le point de vue
des manifestants. L’arrivée des marcheurs dans la ville qui marque le terme
du parcours doit être l’occasion d’une grande manifestation nationale,
voire internationale. Selon les cas, il faudra décider s’il convient de lui
donner un caractère festif ou, au contraire, d’accentuer le caractère
dramatique de la situation. La réussite de la marche dépend, pour une grande
part, du succès de cette ultime manifestation. Les marcheurs peuvent alors
demander à être reçus par les responsables qui possèdent le pouvoir de décision
concernant leurs revendications. S’ils se heurtent à un refus, ils peuvent
profiter de l’impact de la marche à travers les médias pour entreprendre
d’autres actions jusqu’à l’ouverture des négociations. Ces actions
peuvent aller d’un sit-in devant le siège des décideurs jusqu’à une grève
de la faim limitée ou illimitée. Même si les marcheurs eux-mêmes éprouvent
le besoin de prendre un temps de repos, il est essentiel de ne pas laisser
retomber la sensibilisation opérée par la marche et de poursuivre l’action. Les manifestants peuvent utiliser d’autres moyens de
locomotion que la marche à pied. Tous peuvent être envisagés, de la
bicyclette à la voiture, en passant par la mobylette et le tracteur. L’impact
de la « marche » risque cependant d’être d’autant moins
important que le moyen de transport sera plus rapide et plus « confortable »…
Le symbole de la marche à pied est de loin le plus fort. Opinion
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