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Service
d'ordre
Le déroulement pacifique d’une manifestation
organisée sur la place publique à laquelle participent plusieurs centaines,
voire plusieurs milliers de personnes, exige une organisation rigoureuse.
Surtout si elle a lieu dans un climat politique tendu, des incidents de toutes
sortes peuvent provoquer des affrontements violents avec les forces de police,
des contre-manifestants, des agents provocateurs, des spectateurs ou même des
militants qui récusent le choix de la non-violence. Il revient aux
organisateurs de prendre toutes les précautions possibles pour prévenir ces
incidents et, le cas échéant, pour les maîtriser. Tout d’abord, si la situation le permet, ils doivent
prendre contact avec les autorités locales qui ont la responsabilité du
maintien de l’ordre public, afin de les informer des modalités retenues pour
l’organisation de la manifestation. Dès ce moment, il est essentiel qu’ils
« affichent » de manière crédible leur détermination à faire en
sorte que la manifestation soit et demeure non-violente. L’attitude des
pouvoirs publics va conditionner pour une large part le climat de la
manifestation. S’ils l’interdisent, il appartient aux organisateurs de décider
de l’opportunité de son maintien, en fonction, d’une part, de son enjeu et,
d’autre part, des risques encourus. Si les pouvoirs publics autorisent la
manifestation, il faut alors tenter de négocier avec eux en envisageant les
possibilités d’une coopération technique sans toutefois accepter une
quelconque compromission politique. Normalement, les organisateurs doivent être en mesure
d’assurer l’« encadrement » de la manifestation par leur propre
service d’ordre. Si les pouvoirs publics acceptent un tel arrangement, il
devrait être possible de convenir que les forces de l’ordre seront concentrées
en dehors du parcours ou du lieu où se déroulera la manifestation. Par
ailleurs, un contact radio doit être maintenu constamment entre les
organisateurs et les autorités responsables du maintien de l’ordre. Le
service d’ordre ne doit pas être formé au dernier moment en lançant un
appel à la ronde parmi les manifestants, mais constitué plusieurs jours
auparavant avec des militants expérimentés. Ceux-ci doivent se réunir avec
les organisateurs pour mettre au point avec eux les consignes à donner aux
manifestants et pour envisager le plus précisément possible le comportement du
service d’ordre en face des incidents prévisibles. Il peut être fort utile de rédiger un tract donnant
aux manifestants le maximum d’informations sur le déroulement de la
manifestation : son parcours exact, le moment et le lieu de sa dispersion,
le choix des slogans ou une consigne de silence, l’importance de ne pas répondre
aux éventuelles provocations verbales ou physiques, le moyen d’identifier les
membres du service d’ordre (brassard de couleur ou tout autre signe
distinctif), la nécessité de respecter les consignes que ceux-ci peuvent
donner afin que puisse prévaloir le caractère non-violent de la manifestation. Lorsque la manifestation se déroule sur la voie
publique, l’une des tâches du service d’ordre est de régler la circulation
en informant les automobilistes à la fois sur les raisons de la manifestation
et sur les possibilités qu’ils ont d’emprunter un autre itinéraire afin de
ne pas se trouver bloqués trop longtemps. L’objectif recherché doit être de
les gêner le moins possible et de faire preuve de la plus grande compréhension
à leur égard. Eux aussi sont des sympathisants potentiels. Dans certains cas,
cette tâche peut être assurée par la police elle-même. Les membres du service d’ordre doivent être prêts
à s’interposer pour désamorcer des incidents sans gravité (provocations
verbales d’un automobiliste impatient ou d’un spectateur énervé) mais qui
pourraient dégénérer. Ils peuvent également avoir à former un « cordon
de sécurité » pour isoler des contre-manifestants ou des « casseurs »
afin que la manifestation ne dégénère pas dans la violence. Ils doivent
assurer la protection de certains « points chauds » du parcours (bâtiments
officiels, commissariats de police, etc.) en formant une chaîne humaine. Des membres du service d’ordre doivent être munis
de téléphones portables afin que les organisateurs puissent les informer à
tout moment des décisions qu’ils sont amenés à prendre. Ils doivent également
disposer de voitures munies de haut-parleurs, de mégaphones ou de porte-voix
portatifs afin de pouvoir se faire entendre des manifestants. Ils pourront aussi
lancer les slogans choisis et éventuellement les chants dont les paroles auront
été distribuées sur un tract. Pour autant que la nature de la cause défendue
le permette, il conviendra de donner un caractère festif à la manifestation.
À cet effet, des orchestres peuvent être intégrés dans le cortège. La
musique et les chants, voire les danses, sont susceptibles de dédramatiser la
situation, de détendre l’atmosphère et de permettre ainsi aux manifestants
de se décontracter et d’oublier leur peur. En outre, le caractère festif
d’une manifestation a toute chance de renforcer son impact sur les spectateurs
et sur l’opinion publique. Organisation
Répression
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