Désarmement

L’accélération quantitative et qualitative de la course aux armements produit de multiples effets pervers dans la vie des peuples et des nations. Les investissements financiers consacrés par les États à la fabrication, à la production et à l’achat d’armes de guerre pèsent d’un poids extrêmement lourd sur la vie des sociétés. Les dépenses militaires grèvent lourdement les budgets des nations et se font au détriment des dépenses « socialement utiles ».

Dans les pays industrialisés, la production des armes n’est pas tant commandée par les nécessités de la défense, que par les possibilités de la science. Comme les progrès scientifiques sont sans fin, la course aux armements est elle-même sans fin. La recherche technologique précède, supplante et finit par évacuer la réflexion stratégique et la décision politique. Ceux qui ont le véritable pouvoir de décision en matière d’armement ne sont pas les stratèges et les politiques, mais les chercheurs, les ingénieurs, les industriels et les financiers qui conjuguent leurs efforts au sein d’un même complexe militaro-industriel. Tout naturellement, l’une des activités de ce complexe sera de trouver des clients qui leur achètent ses produits et, pour ce faire, ils se tournent vers les pays en voie de développement. Globalement, la production et les ventes d’armes ont un effet déstabilisant dans les rapports entre les nations. Si elles ne créent pas les crises qui surviennent, elles augmentent le risque qu’elles dégénèrent en conflits armés.

Face aux nombreuses conséquences dommageables de la course aux armements, une réelle politique de désarmement s’avère éminemment souhaitable. Mais dans quelle mesure est-elle possible ? Voyant dans les armements la cause principale des guerres, le pacifisme a proposé le désarmement unilatéral d’une nation comme une contribution décisive à la paix. Un tel projet était nécessairement voué à l’échec. Car, en réalité, ce sont les conflits et non les armes qui sont les causes premières des crises et des guerres qui peuvent s’ensuivre. Dès lors, pour supprimer les guerres, il est vain de proposer de commencer par détruire les armes. Il est également illusoire d’imaginer un monde sans conflits. Ceux-ci sont la trame même de l’existence des hommes, des communautés et des peuples. On supprimera donc les guerres en voulant résoudre les conflits par d’autres moyens que les armes. La seule voie qui puisse conduire vers un ordre international qui ne repose plus sur la menace ou l’emploi des armes est donc de rechercher à gérer, réguler et, pour autant que faire se peut, résoudre les conflits par d’autres moyens que ceux de la violence.

La sécurité est un besoin fondamental de toute collectivité humaine. Dans la mesure où les membres d’une société ont le sentiment que leur sécurité exige la possession d’armes capables de s’opposer à une agression de leur territoire, le désarmement unilatéral ne pourrait engendrer chez eux qu’une profonde insécurité. De ce fait, il est rigoureusement impossible que les dirigeants politiques décident une telle mesure. Au demeurant, ils seraient les derniers à se convaincre qu’une telle décision s’impose.

Par ailleurs, les propositions de désarmement général, simultané et contrôlé ne semblent pas davantage opérationnelles. Elles supposent résolus de nombreux problèmes de tous ordres auxquels, par elles-mêmes, elles n’apportent aucune solution. Il convient d’abord de résoudre ces problèmes et de créer ainsi les conditions qui rendent possible un tel désarmement.

Ile ne s’agit donc pas, à l’instar du pacifisme, d’exiger le désarmement, mais de le rendre possible. Dans cette perspective, la tâche prioritaire est de concevoir et de préparer des « équivalents fonctionnels » de la guerre qui permettent aux peuples et aux nations d’assurer leur sécurité par d’autres armes que celles de la violence. Nous appellerons « transarmement » le projet qui vise à mettre en œuvre progressivement une politique alternative de défense fondée sur la stratégie de l’action non-violente.

Pacifisme

Défense civile non-violente

Transarmement