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Antimilitarisme Pris à la lettre, le mot « antimilitarisme » signifie une opposition au « militarisme », celui-ci étant défini comme une prépondérance de l’institution militaire dans la vie de la société qui met gravement en danger la démocratie. L’histoire nous donne trop d’exemples de peuples qui ont eu à souffrir de la mainmise de l’armée sur leur société pour que nous ne soyons pas convaincus qu’il existe une incompatibilité d’humeur entre l’ordre militaire et l’ordre démocratique. Lorsque l’armée décide de mettre au pas les citoyens en appliquant ses propres méthodes au gouvernement de la cité, il y a menace pour les libertés et pour les droits de l’être humain. La militarisation des sociétés risque fort de mettre en danger les acquis de la civilisation. En ce sens, tous les démocrates ne peuvent que se déclarer résolument non seulement partisans, mais aussi militants de l’antimilitarisme. Notons que les militaires profondément attachés aux valeurs de la démocratie, et qui sont devenus militaires précisément pour cela, ne peuvent pas ne pas être antimilitaristes en ce sens-là. L’antimilitarisme s’oppose également à l’idéologie militariste qui exalte la guerre comme la manifestation la plus forte des vertus d’un peuple et qui considère que c’est seulement par les armes qu’une nation construit son destin dans l’histoire. Là encore, tous les démocrates ne peuvent que rejoindre cette opposition au militarisme. Et le refus de l’idéologie militariste est l’une des raisons qui conduisent généralement les militants de la non-violence à faire acte d’objection de conscience à l’armée. Cependant, force est de constater que l’antimilitarisme a généralement une autre signification : il apparaît comme une condamnation non seulement de l’armée, mais des militaires eux-mêmes qui se trouvent suspectés d’être tous des « assassins » et des « criminels de guerre » en puissance. Certes, toutes les opérations militaires n’ont pas pour but de protéger la démocratie contre une menace totalitaire ou de défendre la liberté contre une forme d’oppression. Les circonstances historiques sont malheureusement nombreuses où les militaires se sont fait complices d’exactions portant gravement atteinte aux droits de l’être humain qu’il convient effectivement de considérer comme des « crimes de guerre ». Mais les accusations qui doivent être alors portées ne peuvent pas être étendues à l’ensemble de ceux qui ont partie liée à l’armée. Le « racisme » antimilitariste consiste précisément dans cette généralisation abusive et injuste. La guerre est toujours meurtrière ; et c’est la raison pour laquelle la non-violence refuse de légitimer ses moyens. Mais tous les militaires ne peuvent pas pour autant être accusés d’être des assassins. La non-violence récuse l’antimilitarisme qui se fonde sur une pareille accusation. Ceux qui optent pour la non-violence se refusent à instruire un quelconque procès d’intention à l’encontre de ceux qui estiment nécessaire de se préparer à l’usage des armes pour défendre les libertés fondamentales des hommes et des peuples contre d’éventuelles agressions. Ils proposent, au contraire, d’établir avec les militaires un dialogue, à la fois contradictoire et constructif, portant à la fois sur les dérives possibles vers le militarisme et sur les possibilités offertes par les stratégies de l’action non-violente.
Défense
civile non-violente
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