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Sanctions
économiques
Une première forme d’ingérence non militaire, qui
n’implique pas l’envoi de forces sur les lieux mêmes du conflit, est
l’imposition de sanctions économiques à un pays pour forcer ses dirigeants
à modifier leur politique. Les moyens utilisés sont économiques, mais
l’enjeu et l’objectif sont politiques. Le ou les États qui décident
des sanctions économiques cherchent à faire pression sur le pouvoir politique
du pays-cible. Une première sanction possible est de suspendre
l’exportation vers ce pays de tel ou tel produit commercial. On parle alors
d’embargo. Étymologiquement, ce mot d’origine espagnol
signifie « embarras ». En décidant un embargo commercial partiel ou
complet, on cherche en effet à « embarrasser » le pays-cible. Une
deuxième sanction possible est de refuser l’importation de tel ou tel produit
en provenance d’un pays. On parle alors de boycott. On peut également
envisager des sanctions financières, comme l’arrêt des prêts et des
investissements ou le gel des avoirs financiers à l’étranger. Pour être efficaces, les sanctions économiques
doivent généralement être sélectives et viser un objectif précis et limité.
Le plus souvent, il serait inopportun de vouloir organiser un embargo commercial
complet d’un pays. En revanche, il peut être réaliste de viser une
modification significative de la politique d’un État en décidant telle
ou telle sanction commerciale ou financière qui l’embarrasse particulièrement. La Charte des Nations Unies, en son article 41, prévoit
explicitement l’emploi de sanctions économiques : « Le conseil de
sécurité peut décider quelles mesures n’impliquant pas l’emploi de la
force armée doivent être prises […] et peut inviter les membres des Nations
Unies à appliquer ces mesures. Celles-ci peuvent comprendre l’interruption
complète ou partielle des relations économiques ». Il importe, chaque fois que cela sera possible, de préférer
les sanctions financières aux sanctions commerciales. Les
sanctions commerciales touchent directement la population civile, car elles
consistent essentiellement en restrictions sur les exportations à destination
du pays-cible et sur les importations des biens produits par ce dernier. Les
sanctions financières touchent plus directement les classes dirigeantes :
gel des avoirs bancaires, suspension de toute aide financière, refus du rééchelonnement
de la dette extérieure du pays-cible, refus de tout investissement dans ce
pays. Les sanctions économiques risquent de n’avoir
qu’une efficacité limitée si elles ne sont appliquées que par un seul
État. Le pays sanctionné peut alors parvenir à les contourner en
traitant avec d’autres États. Il est donc nécessaire qu’elles
fassent l’objet d’une concertation et d’une coordination internationales. En certaines circonstances, il ne sera pas nécessaire
d’appliquer effectivement les sanctions économiques envisagées ; la
seule menace de les appliquer peut dissuader les dirigeants du pays visé de
mettre à exécution tel ou projet ou de poursuivre telle ou telle politique. Les sanctions économiques peuvent être prises
lorsque, dans une situation de crise, le dialogue diplomatique se trouve dans
une impasse et que l’intervention militaire apparaît inappropriée. Elles
s’apparentent à des actions de non-coopération avec l’État-cible.
Leur objectif ne doit pas être de punir. La punition d’un État ne présente
aucun intérêt politique et, en n’offrant aucune perspective d’avenir, ne
permet pas la solution du conflit. Certes, les sanctions économiques prises à
l’encontre d’un pays ne peuvent qu’accroître les difficultés, souvent déjà
grandes, rencontrées par les populations civiles. Les dirigeants du pays et
leurs partisans ne manquent pas de prendre appui sur ces difficultés pour dénoncer
les sanctions qui les visent et organiser des campagnes, aussi bien en direction
de leur propre opinion que de l’opinion publique internationale, pour les
discréditer et les délégitimer. Il est donc souhaitable qu’elles soient
prises en concertation avec les représentants des forces démocratiques du pays
concerné. Ceux-ci peuvent les juger utiles, voire nécessaires, notamment
lorsque la population est prête à supporter des difficultés économiques
accrues pour obtenir des gains politiques. Il importe de veiller à limiter les
effets pervers des sanctions économiques à l’encontre de la population
civile, dans les domaines de l’alimentation et de la santé, mais aussi dans
ceux de la communication et de l’information. S’il s’avère que des
sanctions économiques ne feraient qu’aggraver la situation de la population
civile sans exercer en réalité une quelconque pression sur les dirigeants
politiques, il faudrait y renoncer sans plus attendre. Boycott
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