|
Boycott
L’origine
du mot « boycott » provient d’un nom propre, celui d’un citoyen
britannique : Charles Cunnigham Boycott. Intendant d’un grand domaine en
Irlande, il faisait preuve d’une grande dureté envers les petits fermiers. En
1879, ceux-ci décidèrent d’organiser plusieurs actions visant à paralyser
son exploitation. Le
boycott (les dictionnaires français retiennent généralement le mot de
« boycottage ») est l’une des applications du principe stratégique
de non-coopération. Dans le domaine économique, il repose sur l’analyse
suivante : les propriétaires d’une entreprise commerciale ne peuvent réaliser
des bénéfices que grâce à la coopération volontaire que leurs clients leur
apportent en achetant leurs produits ou en recourant à leurs services. En leur
retirant cette coopération, les clients exercent sur eux une pression économique
et financière qui, si elle se prolonge, les oblige à satisfaire les exigences
présentées par les organisateurs de l’action. La méthode du boycott est
d’autant mieux adaptée et sera d’autant plus efficace que l’entreprise
ciblée se trouve en situation de concurrence avec d’autres entreprises qui ne
sont pas sujettes aux mêmes critiques. Différents
objectifs peuvent être assignés à un boycott : -
obtenir l’amélioration de la
qualité ou le retrait de la vente soit d’un produit industriel qui présente
de graves malfaçons, soit d’un produit alimentaire qui s’est avéré
nuisible ù la santé. -
contraindre les dirigeants d’une
entreprise à reconnaître les droits des travailleurs qu’ils emploient (qu’il
s’agisse des salaire ou des conditions de travail) ou à modifier certaines
pratiques (par exemple, la discrimination raciale ou le travail d’enfants). -
obtenir des responsables d’une
usine qu’ils prennent les mesures nécessaires pour faire cesser des
pollutions entraînant de graves nuisances écologiques. Un
boycott vise à faire baisser les ventes de manière à ce que l’entreprise
subisse un manque à gagner suffisamment important pour qu’il oblige les
dirigeants à céder face à la pression qui s’exerce sur eux. Il n’est pas
nécessaire qu’un boycott soit total pour se montrer efficace. À partir
d’un certain pourcentage de la baisse des ventes, l’entreprise perd
suffisamment d’argent pour que ses dirigeants acceptent de prendre en compte
les revendications des organisateurs de l’action. Le pouvoir d’achat des
consommateurs devient ainsi un véritable pouvoir qui s’oppose à celui des
producteurs. Ceux-ci ne sauraient l’ignorer sans nuire à leurs propres intérêts.
De plus, un boycott représente pour l’entreprise incriminée une campagne de
contre-publicité susceptible de nuire gravement à son image de marque. De cela
non plus, elle ne peut pas ne pas tenir compte. La
réussite du boycott implique une réelle popularisation de la lutte. Il ne
suffit pas de lancer le mot d’ordre par un communiqué de presse et quelques
affiches. Il est nécessaire de distribuer des tracts dans la rue et de mettre
en place des « piquets de boycott » – sur le même principe que
les « piquets de grève » – à proximité des principaux points de
vente afin d’informer les consommateurs et de les inciter à refuser tout
achat de tel ou tel produit ou les produits de telle ou telle marque. Pour
durcir l’action, on peut décider de boycotter les magasins qui persistent à
mettre en vente le produit incriminé. On peut alors mettre en place des piquets
à l’entrée de ces magasins afin, non seulement de tenter de persuader les
clients de ne pas entrer, mais de les empêcher d’entrer. Il est essentiel que
l’action puisse s’inscrire dans la durée. Cela devrait être possible
lorsque l’objectif est suffisamment clair et précis, parce que, généralement,
le boycott n’entraîne pas de graves inconvénients pour les consommateurs.
Ceux-ci ont moins à redouter la prolongation de l’action que les producteurs
eux-mêmes et cela est de nature à inciter ces derniers à entendre raison. Les
dispositions de la loi en vigueur peuvent interdire le boycott. Dans ce cas, son
organisation devient une action de désobéissance civile. Les entreprises ciblées
ne manqueront pas d’intenter des procès aux organisateurs qui doivent savoir
à quoi s’en tenir. Les procès et les condamnations peuvent favoriser la
popularisation de l’action, mais ils peuvent également paralyser le mouvement.
Comme dans toute action directe non-violente, il s’agit de s’efforcer de maîtriser
la répression afin de pouvoir s’en servir pour renforcer la dynamique du
mouvement. Les
producteurs eux-mêmes peuvent appliquer la méthode du boycott en refusant de
vendre leurs produits à tel ou tel de leurs clients potentiels. Le
mot boycott est également utilisé en dehors du champ économique pour désigner
le refus de participer à un événement politique, social, culturel ou sportif.
C’est ainsi qu’on parle de « boycott » lorsqu’un ou plusieurs
partis politiques refusent de participer à des élections en faisant valoir
qu’ils n’ont aucune garantie qu’elles seront véritablement démocratiques. Le
boycott est également utilisé par les États ou les organisations
internationales pour sanctionner un pays dont la politique viole le droit
international. Il s’agit de refuser l’importation de tels produits en
provenance de ce pays et l’exportation de tels autres à sa destination. On
parle alors de « sanctions économiques ». Non-coopération
Sanctions
économiques
|
|
|