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Peine de mort

La justification de la peine de mort s’inscrit dans la logique « expiatoire » de la justice pénale. Il est remarquable que, même dans les sociétés où la peine de mort a été supprimée, une large part de l’opinion publique lui reste favorable. Elle continue à réagir vis-à-vis des « criminels » selon la logique qui justifie le châtiment suprême et réclame la loi·du talion : « fracture contre fracture, œil pour œil, dent pour·dent » et donc « mort pour mort ». Elle brandit le respect de la victime pour exiger le meurtre de l’assassin. Elle crie vengeance et s’indigne dès qu’elle estime que le criminel bénéficie d’un traitement de clémence, c’est-à-dire d’humanité. Cette réaction passionnelle est animée par un véritable désir de violence qui fait échec aux proclamations « humanistes » de la civilisation. Justifier la peine de mort, c’est décider de nier, une fois pour toutes, le caractère transcendant et sacré de la vie humaine. Or si la vie du criminel n’est pas sacrée, aucune vie humaine n’est sacrée. Toute exécution capitale est un acte de désespérance dans l’humanité.

Il ne s’agit pas de tenter de prouver que la peine de mort n’est pas dissuasive ; il ne s’agit pas non plus de se demander quelle peine il convient de lui substituer. La peine de mort est impossible parce qu’elle est impensable. Elle est impensable, parce que penser la peine de mort, c’est accepter le meurtre d’un homme devenu « innocent », c’est-à-dire, littéralement, qui se trouve dans l’incapacité de nuire. Pas même la « nécessité », que l’on invoque dans une situation de légitime défense, ne peut ici servir de prétexte pour accepter de tuer.

L’enjeu de la question de la peine de mort est un véritable choix de société, un choix de civilisation. En légalisant la peine de mort, l’État institutionnalise la violence meurtrière, il lui donne droit de cité. Dès lors, c’est l’ensemble des rapports sociaux qui se trouvent contaminés par la logique de la violence. En démocratie, le but premier de la politique est de mettre la violence hors la loi ; ainsi l’État va à l’encontre de ce but en mettant la violence dans la loi. Dans une démocratie, le refus de la peine de mort doit être constitutionnel.

 

Justice  

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