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Justice

La justice (du latin jus, « droit ») est le principe moral qui fonde le respect des droits inaliénables de l’être humain. Le principe de justice se conjugue avec le principe d’universalité : il s’applique à tout homme et à tous les hommes. Selon les termes de la Déclaration universelle des droits de l’homme, la justice affirme que « tous les êtres humains naissent libres et égaux en dignité et en droits ». La justice est équitable pour tous. Elle n’accepte aucune préférence, aucun privilège, aucune faveur. La justice ne fait pas « la charité », elle ne donne pas ; elle reconnaît à chacun ce qui lui est dû, ce à quoi chacun à droit.

Il convient de distinguer la justice du juste – la vertu de justice – et la justice du juge – l’institution politique de la justice. C’est lorsque la dignité humaine se trouve violée que le juste se révèle, à lui-même comme aux autres. Il n’avait rien prémédité ; mais lorsqu’il se trouve face à l’injustice qui humilie et meurtrit l’autre homme, il s’insurge et il intervient. Le juste obéit à la loi non écrite – la loi morale inscrite au plus profond de l’être humain – qui transcende les lois de la cité et qui exige le respect des droits de tout être humain, et d’abord de l’opprimé, de l’humilié, de l’exclu, de l’accusé. Le juste agit sans acception de personne : il est un homme équitable en toutes circonstances. Lorsque la loi écrite est injuste, il veut avoir le courage de lui désobéir.

La vertu de justice s’adosse à la vertu d’in-trépédité (du verbe latin trepidare : « trembler ») : le juste ne tremble pas devant les risques de l’action ; du moins il peut trembler, mais il passe outre. Le juste veut surseoir à la violence, car il nourrit la conviction que, même au service d’une cause juste, la violence contient une part irréductible d’injustice. La vertu de justice structure et affermit la volonté de non-violence.

Le juste est souvent un homme seul. Il décide de résister quand, tout autour de lui, les autres se résignent devant l’injustice et s’en accommodent en restant prisonniers de leurs petites lâchetés. Après la bataille, longtemps après, le juste sera considéré comme un héros et deviendra la bonne conscience des hommes établis. Mais il n’en aura cure. Car il s’est contenté de faire son devoir d’homme.

Dans une société, la loi a pour fonction de dire le droit ; c’est donc elle qui, en principe, dit la justice. La légalité doit fonder l’égalité. Mais, en réalité, ce qui est légal n’est pas nécessairement juste. Il est difficile de dire le droit pour tous les citoyens lorsque ceux-ci ont forcément des intérêts antagonistes. Trop souvent, la loi vient consacrer les privilèges des plus forts en violation des droits des plus faibles. Ceux-ci doivent alors lutter, fut-ce en désobéissant à la loi pour obtenir que justice leur soit rendue. Ce sont les rapports de force qui, en définitive, déterminent les relations sociales entre les individus. La justice, c’est l’équilibre entre des forces contraires qui permet le respect des droits de tous.

Toute société doit se donner les moyens institutionnels qui lui permettent de neutraliser les fauteurs de violence et de les mettre hors d’état de nuire. C’est pourquoi l’une des fonctions revendiquées par l’État, au nom de la légitime défense des citoyens, est d’arrêter, de juger et de condamner ceux qui ont désobéi à la loi et porté atteinte à l’ordre public. Mais, en même temps, l’État revendique le droit de recourir lui-même à la violence pour punir la violence. L’histoire de la répression des crimes par l’État est peut-être plus effrayante encore que l’histoire des crimes. Sous prétexte de mépriser le crime, la société méprise le criminel écrasé par le malheur. En outre, il arrive souvent que l’État criminalise la dissidence des justes. Dès lors, les juges condamnent les justes qui n’ont commis d’autre délit que d’avoir dénoncé l’injustice des puissants. La persécution des justes par les tribunaux est l’une des violences les plus criantes de l’histoire des sociétés.

Dans une société théocratique, où la loi pénale s’inspire d’une loi religieuse, où les tribunaux des hommes prétendent rendre le jugement même d’un dieu justicier, la sanction veut être un châtiment infligé au coupable en expiation (expier, du latin expiare qui signifie « purifier ») de sa faute, et l’histoire des religions nous montre jusqu’à quelles cruautés de tels principes peuvent conduire.

Dans une société démocratique, les pouvoirs publics ne doivent avoir d’autre objectif que de « défendre l’ordre public et la sécurité des personnes ». La fonction de la justice n’est pas de punir une faute, mais de juger un délit ; elle n’est pas de châtier un coupable, mais de protéger la société. La sanction pénale ne devrait donc comporter aucun châtiment, aucune violence psychologique ou corporelle à l’encontre du délinquant.

La sanction pénale a pour finalité la prévention de nouveaux délits, d’une part, en empêchant la récidive du délinquant et, d’autre part, en dissuadant les délinquants potentiels de passer à l’acte. Il n’est pas possible d’organiser une société de droit sans définir des délits et des sanctions. Mais en même temps que la sanction pénale doit permettre à la société de se défendre, elle doit offrir au délinquant, qui reste un citoyen à part entière, la possibilité de se réinsérer. Si le délinquant perd certains de ses droits, la société ne perd aucun de ses devoirs à son égard. Il ne s’agit pas de débattre pour savoir si le délinquant mérite d’être traité avec humanité ; la société se doit à elle-même de le traiter avec humanité. À l’inhumanité du délit, doit répondre l’humanité de la sanction. S’il convient de juger le crime selon les rigueurs de la justice, il importe de traiter le criminel selon les exigences de la bonté. Il ne s’agit pas d’être indulgent envers le criminel, mais d’être bon. Rendre la justice envers un homme injuste, c’est le rendre à la justice, c’est-à-dire lui permettre de devenir juste.

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