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Obstruction
L’obstruction non-violente est une méthode
d’intervention directe collective qui consiste à empêcher la libre
circulation sur une voie publique ou privée, ou à obstruer l’accès à un
immeuble ou à un terrain, en faisant de son corps un obstacle inévitable pour
ceux qui voudraient passer. Les manifestants peuvent bloquer le passage soit en
se tenant debout, soit en organisant un « sit-in » ou un « die-in ».
Dans ce dernier cas, il s’agit alors de « faire le mort » (du
verbe anglais to die, mourir) en s’allongeant à plusieurs sur le sol. L’obstruction peut avoir pour objectif d’arrêter
toute circulation sur tel ou tel itinéraire, qu’il s’agisse d’une route
ou d’une voie de chemin de fer. Elle peut viser à obtenir l’arrêt et
l’immobilisation de véhicules transportant du personnel ou du matériel dont
l’adversaire a besoin pour mettre son projet à exécution. Il peut s’agir
également d’empêcher une construction jugée indésirable (base militaire,
usine polluante, réalisation de prestige, …) en occupant le chantier afin
d’empêcher le commencement des travaux ou de contraindre les ouvriers à les
arrêter. On peut aussi mener une action d’obstruction en occupant
pacifiquement les pistes d’un aéroport afin d’empêcher l’atterrissage
d’un ou de plusieurs hôtes indésirables ou de bloquer le trafic aérien. Il
est encore possible d’organiser l’obstruction symbolique de l’entrée
d’un bâtiment officiel (ministère, préfecture, mairie, …) afin
d’interpeller les pouvoirs publics sur telle ou telle question précise. De manière générale, il est peu probable que ceux
qui se trouvent bloqués décident de forcer le barrage humain avec leur véhicule,
au risque d’occasionner des blessés, voire des morts. Le plus souvent, ils
n’oseront pas prendre cette responsabilité. Les risques encourus seront
d’autant moins importants que l’opinion publique, prise à témoin des
accidents qui pourraient survenir, est prête à se solidariser avec la cause défendue.
Cependant, lorsque les circonstances rendent la situation particulièrement
tendue, on peut estimer que le risque est non-nul. Les manifestants ne sauraient
exclure entièrement une telle hypothèse et envisager clairement quelle décision
ils doivent prendre le cas échéant. En dernière extrémité, la règle doit
être de libérer le passage plutôt que de mourir. Le plus souvent, les pouvoirs publics feront appel aux
forces de police pour dégager la voie, soit en « enlevant » les
manifestants, soit en les dispersant. Là encore, il s’agit d’apprécier au
plus juste les risques pris. Les manifestants doivent s’efforcer de « tenir
la place » le plus longtemps possible et de ne pas s’enfuir à la
moindre alerte. Dans le cas de la dispersion, il est probable que les policiers
n’hésiteront pas à utiliser les moyens de la violence qui sont à leur
disposition : matraques, lances à eau, grenades lacrymogènes. On ne peut
pas exclure qu’ils utilisent des armes à feu. Il appartient aux responsables
de l’action d’apprécier s’il convient ou non de décider le repli des
manifestants. D’autres procédés d’obstruction peuvent être
mis en œuvre : il ne s’agit plus de faire obstacle avec son corps, mais
avec sa voiture, son tracteur ou son camion. Des manifestants peuvent également
bloquer l’entrée d’un port avec une flottille de bateaux ou/et de canoës.
Le but peut être encore d’entraver les déplacements de l’adversaire et de
ses collaborateurs, mais il peut être aussi d’empêcher la circulation afin
de créer un événement médiatique qui permette de faire connaître auprès de
l’opinion publique la cause que l’on défend. Une telle action peut n’être pas seulement
symbolique : on peut la poursuivre jusqu’à ce qu’on ait obtenu gain de
cause. On cherche alors à faire en sorte que la responsabilité des inconvénients
qui en résultent pour ceux qui se trouvent bloqués soit imputée aux décideurs.
Ceux-ci, dès lors, subiront une pression sociale susceptible de les conduire à
rechercher une solution négociée du conflit. Pour cela, il est essentiel que
l’opinion publique soit très précisément informée des raisons qui ont
rendu nécessaire une telle épreuve de force. Action
directe
Sit-in
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