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L’homme et ses trois éthiques Stéphane Lupasco
« [...] une
logique binaire n’arrive pas à rendre compte de l’infinie diversité des
manifestations de l’énergie dans notre monde : poussant dans leurs ultimes
retranchements les postulats de la logique classique, l’œuvre
de Stéphane Lupasco nous a fait découvrir que seule une logique ternaire était
capable de rendre compte de l’ensemble de la réalité. [...] L’homme et
ses trois éthiques développe les concepts de la logique ternaire dans les
différents domaines qui rendent compte de l’activité humaine spécifique :
physique et biologique, mais également psychique, sous ses diverses formes :
affectivité, art, philosophie et politique, religion... » *** Extraits
significatifs :* « [...] l’énergie possède les propriétés constitutives non seulement de l’hétérogénéité et de l’homogénéité, mais aussi celles de la potentialisation et de l’actualisation. » (p. 13) * « C’est en cela que cette
dialectique est conforme à la logique classique, admettant l’une comme
l’autre la succession de la thèse et de l’antithèse, qui doit aboutir à
la disparition des deux dans une synthèse, troisième terme de la dialectique hégélienne
et marxiste. Elle s’en différencierait si elle admettait la contradiction
dans une même chose, en même temps et en un même lieu. * « On peut le dire, l’homogénéité, voilà l’ennemie ! » (p. 79) * « On peut dire que toute âme est
singulière ou elle n’est pas, et aussi que l’art se déroule et doit se dérouler
dans l’âme ou il n’est pas. L’artiste est un explorateur de l’âme, un
magicien du psychisme [...] * « Dès lors, toute matière-énergie contenant des noyaux atomiques, de ces profondeurs subtiles les plus micro-physiques jusqu’aux vastes formations astrophysiques – planètes, étoiles, galaxies, amas de galaxies – on pourrait conclure qu’à la base la plus intime des choses et des êtres se trouvent et opèrent les noyaux atomiques comme centres neuropsychiques. » (p. 95) * « [...] La finalité est intrinsèque à l’énergie elle-même. » (p. 103) * « [...] selon l’interprétation de Stéphane Lupasco, la contradiction est quelque chose d’inhérent dans tous les systèmes naturels. Or c’est une idée difficile à accepter car elle conçoit la contradiction comme agissant au même moment du temps. » (p. 105) * « [...] l’interprétation de Stéphane Lupasco est l’évidence même car sinon comment peut-on comprendre autrement le fait que la particule quantique soit en même temps onde et particule ? En effet, cette particule ne se conduit pas soit comme une onde ou soit comme un corpuscule tel qu’on a essayé de le dire, et tel qu’on le dit encore dans les mauvais ouvrages de vulgarisation, mais cet « objet » nouveau, cet événement quantique, est expérimentalement corpuscule et onde à la fois, il est « contradiction » ; donc, à partir de cette constatation, les fondements d’une nouvelle logique peuvent être formulés. Sinon, on transforme la physique quantique en un ensemble de « recettes » efficaces sur le plan « opératoire », mais où l’on ne voit aucune ambition de comprendre le pourquoi des choses. » (p. 107) * « Vous pouvez dire qu’il y a une
évolution de l’homme vers un développement de la matière psychique qui
aboutit à la conscience de la conscience et à la connaissance de la
connaissance. * « [...] un arbre est un chimiste qui sait choisir dans la terre les éléments chimiques dont il a besoin. Il y a donc, même chez le végétal, une sorte de somato-psychique et nous pouvons dire que le végétal a également une conscience et une connaissance, c’est-à-dire au fond un psychisme. » (p. 114) * « S.L. – Je reproche, par exemple, aux hommes politiques d’ignorer complètement non seulement le psychique mais le biologique. Le socialisme est une doctrine d’homogénéisation macrophysique. Une société socialiste ou communiste est homogénéisante, je l’ai dit. Sans le savoir, Marx adopte une philosophie de l’entropie. » (p. 120) * « B.N. – Le retour à la pensée mythique ou à la pensée traditionnelle n’exprimerait-il pas le signe ou ne serait-il pas le germe d’un autre type de société ? » (p. 122) * « Vous dites : « La
contradiction, c’est la vie. » Or dans beaucoup de textes traditionnels,
on exhorte l’être à rejoindre l’univers. Il est dit à peu près qu’en
intégrant l’univers on retrouve l’unité. Or, d’après votre logique, le
concept d’unité n’existe pas, je voudrais que nous en parlions. Ce concept
d’unité n’existe pas ? * « Est-ce que vous seriez d’accord
pour dire que vous ouvrez un chemin qui se situe au cœur
de la dualité entre la mystique et la glose ? * « Enfin,
malheureusement, le monde semble marcher de plus en plus vers l’opposition et
non pas vers la contradiction. C’est à ce niveau extrêmement concret que je
parle de barrage. » (p. 128) * « Dans tout
dynamisme, il y a une possibilité de connaissance dans la mesure où la
connaissance est précisément la potentialisation. » (p. 131) * « [...] la
contradiction n’est pas opposition, la contradiction est un équilibre. »
(p. 153) * « [...] je
dis que l’énergie est cognitive. L’énergie connaît. Ce n’est pas mon
cerveau qui connaît, c’est l’énergie qui connaît en moi. Elle est
dans un état tel que l’énergie elle-même prend conscience d’elle-même.
C’est ce qui explique que nous arrivons à ce que nous venons de dire. »
(pp. 162-163) * « Toute l’éthique
scientifique a été fondée, jusqu’à présent, sur la pensée du XIXème siècle
qui exclut l’homme. L’homme est toujours exclu de la connaissance
scientifique parce qu’il introduit l’élément subjectif, sa présence
introduit l’aléatoire, l’irrationalité, or seul le principe d’objectivité
intéresse cette connaissance. Mais dans cette logique de l’énergie, nous
voyons apparaître une nouvelle objectivité. » (p. 167) * « [...] un problème très grave et urgent s’impose dans ces conditions, c’est précisément le problème de la pensée mathématique, c’est-à-dire du langage mathématique. Je crois et je préconise qu’il faudrait effectuer une réforme de la pensée mathématique elle-même parce qu’il est certain que dans la mesure où un physicien et un biologiste mathématisent une expérience, une expérimentation, à ce moment-là nous retombons dans la logique classique de non-contradiction des causes. Il faut donc créer des mathématiques nouvelles. » (p. 169) * « Matila
Ghyka qui, dans un livre célèbre qui s’appelle Le nombre d’or, a
montré qu’il y a une certaine correspondance entre les mathématiques, les
proportions et les sentiments. » (p. 170) ***
*** *** ©
@rchipress 1998 *
Extraits de L’homme et ses trois éthiques par Stéphane Lupasco
avec la collaboration de Solange de Mailly-Nesle et Basarab Nicolescu
(Monaco, éditions du Rocher, 1986). |
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