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Un livre lumineux
Adonis
Je
pose une rose à ma droite, et un ordinateur à ma gauche ; Je
pose entre les deux une valise quasi remplie d’objets que j’affectionne ; Et,
me fiant aux promesses des sciences de l’espace, je m’imagine effectuant
l’ascension
Vers une lointaine planète, Puis
je me pose la question : « Quel livre sera ton compagnon de route dans ce
voyage? » Et
ma réponse vient sans hésitation : « Le livre que voici. » Eh
oui, ce livre-manifeste de Basarab Nicolescu ; Point
parce qu’il est le plus prestigieux des livres, Ni
parce qu’il pointe vers l’unique voie de la connaissance, Ni
parce qu’il offre des réponses à mes interrogations et mes problèmes - (Car
il ne s’agit guère d’une nouvelle table des commandements, Pas
plus qu’il n’est la panacée universelle) ; Je
fais de ce livre mon compagnon de route pour une tout autre raison ; C’est
qu’il sera, pendant et après le voyage, Parmi
les premiers livres qui obséderont ma conscience de l’urgence De
réaliser une connaissance de l’Homme et de l’Être plus profonde et plus
intégrale, De
poser de nouvelles questions cognitives Et,
afin d’être initié à cette nouvelle connaissance, d’exercer une nouvelle
approche Du
monde et de ses phénomènes, de l’homme et de ses problèmes. Ce
livre sera donc parmi les premiers livres qui éclaireront le long chemin,
Frayé par l’évolution humaine,
Qui nous mène vers d’innombrables inconnus dans cet Univers infini. Ainsi,
il me permettra une meilleure lecture de notre Planète Qui
transcendera, tout en les évaluant et les assimilant, toutes les lectures précédentes Et
permettra à cette lecture d’être à la fois horizontale et verticale -
d’autant qu’il est Écrit
du point de vue d’un scientifique, doublé de l’intuition d’un poète. On
dirait une rivière Dont la surface est la science et le fond la poésie ; ou
plus exactement : une rivière dont le lit Serait la poésie et les flots la
science : La
science - car dans son approche de l’Homme, du monde et des choses,
Ce livre est basé sur la connaissance scientifique de pointe ; Et
la poésie - car son objectivité scientifique laisse la porte Grand
ouverte au Sujet et à la subjectivité, non en tant que renouvellement, Mais en tant que renaissance ; si bien que l’homme en
question ne se renouvelle pas, mais renaît. Cette
synthèse de la science et de la poésie s’opère grâce à une vision basée
essentiellement Sur
une transgression totale des frontières de toutes sortes : Entre
nationalismes, cultures, religions, histoires et politiques. À
la lumière de ce livre, Il
apparaîtra de manière éclatante
Comment l’homme, sous un pretexte ou un autre, a semé la terreur dans
Le cœur de cette belle et paisible Planète, jusqu’à ce qu’il a
failli l’étouffer, Tantôt au nom d’une connaissance niant ce qui ne relève pas d’elle,
excluant ceux qui ne la font pas leur ;
Tantôt au nom d’une « matière » qui ne vit qu’en dévorant
sans cesse tout ce qu’elle nomme « esprit »,
Ou au nom d’un « esprit » qui puise sa consistance dans le
rejet de la matière ;
Et tantôt au nom d’un pouvoir, d’un arsenal ou d’un marché - À tel point que les hommes apparaissent, dans le miroir
de la conscience purifiée
Et épanouie, comme s’ils avaient vécu, et vivent encore, Malgré tout le progrès
qu’ils ont accompli, semblables à de féroces groupuscules, Voulant, chacun, d’une manière ou d’une autre,
dominer La Planète, la posséder - l’insérant dans le trou
d’aiguille De son dogme, sa discipline ou son autorité. Ce
livre, donc, éclaire le chemin de la libération de l’homme de tout ce qui
l’entrave - Dans
la Liberté, la Conscience et l’Humanité - ; Du
savoir-possessivité, Du
ralliement-dogmatisme, De
l’étroitesse-fragmentation Et
de l’homme-monstre. Et,
partant, éclaire Les
sentiers de la quête d’une connaissance inséparable de l’Amour et du
partage, D’une science qui n’exclut pas la poésie, Et
les sentiers de la convergence vers le dévoilement de l’Univers et de ses
mystères, À
l’aide de toutes les disciplines, de tous les savoirs, et au-delà,
Dans une ouverture totale,
Dans laquelle s’affirme la certitude du Sujet Qu’il
ne peut se parfaire sans l’Autre, Et
dans laquelle il ondoyerait, tel un flux créateur et unique, Dans
la masse humaine, une et plurielle, Et
dans cet océan-tout Que l’on nomme l’Univers. Paris, janvier 2000
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