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Accompagnement L’accompagnement
est une forme d’interposition non-violente dans des zones de conflit : il
s’agit d’assurer une présence physique lors des réunions ou des
manifestations de mouvements qui militent en faveur des droits de l’être
humain, et de fournir un accompagnement protecteur à des personnes directement
menacées du fait de leur engagement dans la lutte pour la justice et la démocratie.
Ainsi, les volontaires des « brigades
de paix » deviennent littéralement les « gardes
du corps » des militants menacés. Le but de cet accompagnement rapproché
est de donner, sur le territoire même du conflit, l’espace politique nécessaire
aux personnes et aux organisations engagées dans le processus de paix. Cette présence
continue veut exercer une dissuasion à l’égard des acteurs armés –
qu’ils soient commandés par les pouvoirs publics ou commandités par
d’autres groupes – qui voudraient mener des exactions contre ces personnes.
Tout acteur politique – fut-il, par ailleurs, le moins scrupuleux – reste
soucieux de sa respectabilité internationale ; il ne peut pas ne pas tenir
compte de l’impact que pourrait avoir auprès de l’opinion publique du pays
d’origine des volontaires, mais aussi de l’opinion publique internationale,
le meurtre de l’un d’entre eux. Chaque équipe de paix s’efforce d’acquérir
un statut légal, c’est-à-dire de devenir une « personnalité
juridique » dans le pays où elle intervient. Pour
cela, un immense travail de « relations publiques » est nécessaire :
il s’agit de présenter le projet des activités de l’équipe de paix aux
différents acteurs politiques, sociaux, religieux, militaires, diplomatiques du
pays. Il est également essentiel que chaque volontaire soit personnellement en
contact avec l’ambassade de son pays. Les
membres des brigades de paix accomplissent également des missions
d’observation et de témoignage : ceux qui choisissent d’utiliser la
violence en présence d’observateurs internationaux savent que leurs actes ne
pourront passer inaperçus et qu’une réaction de la communauté
internationale est fort probable. Une condition d’efficacité d’une telle
dissuasion est que soit organisé, dans les pays d’origine des volontaires des
brigades de paix, un « réseau d’alerte » capable de relayer immédiatement,
auprès des médias et des responsables politiques nationaux, les informations
concernant les menaces pesant sur la sécurité aussi bien des partenaires que
des volontaires eux-mêmes. Il faut que, 24 heures après l’alerte, plusieurs
centaines de courriers électroniques arrivent dans le bureau du responsable
local choisi comme interlocuteur privilégié. Une
autre forme de présence sur les lieux d’un conflit peut être envisagée :
« l’accompagnement d’un village ». Il s’agit d’assurer la présence
de plusieurs volontaires internationaux dans un village afin de témoigner
aussitôt devant l’opinion publique internationale des exactions qui
pourraient y être commises contre la population. Les volontaires viennent ainsi
s’interposer entre la population civile et les acteurs armés. De telles missions d’interposition sont périlleuses ; ceux qui y participent risquent effectivement leur vie. Pour assumer de tels risques, en vivant plusieurs mois aux frontières de la violence et de la mort, il faut y être particulièrement bien préparé. Il est indispensable d’avoir suivi une formation à l’intervention civile et d’avoir déjà une réelle expérience de l’action non-violente.
Interposition
Intervention
civile
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