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Non à la guerre de religion !

Une interview avec Gisèle Halimi*

 

« Rompre l’équilibre hypocrite qui met sur le même plan la violence des Israéliens et des Palestiniens »

 

D’où vient ce Collectif judéo-arabe ? Par qui est-il composé ?

G.H. : Il a deux origines. D’abord, en novembre dernier, un appel que j’ai signé et qui s’intitulait « En tant que Juifs ». Un titre « médiatique » car je ne me définis jamais par rapport à mes origines religieuses. Mais nous étions poussés par une impatien­ce, un ras le bol vis-à-vis des autorités israé­liennes et juives en France qui font jouer une logique communautaire abusive et parlent en notre nom. Elles se sont approprié le monopole de l’holocauste pour parler des Juifs du monde entier. La Shoah est pourtant le triste lot de l’humanité toute entière. En­suite, un appel symétrique au nôtre a été fait par des intellectuels arabes, refusant à leur tour la logique d’affrontement communau­taire et affirmant la recherche d’une paix juste. Nous nous sommes retrouvés dans le Collectif judéo-arabe. Des deux côtés nous sommes des laïques. Nous ne voulons pas que la provocation d’A. Sharon, à l’origine de la nouvelle intifada, donne un sens religieux aux problèmes du Moyen-Orient. Nous ne voulons pas de guerre de religion ; la seule bonne approche est politique.

Quels sont les objectifs du collectif ?

G.H. : Nous voulons rompre cet équilibre consensuel hypocrite, cher aux médias, qui veut que « des deux côtés, israéliens et palestiniens commettent des attentats ». D’une part, vous avez un pays structuré, souverain, indépendant, disposant de la plus forte armée de la région et soutenu par le pays le plus puissant du monde : Israël. D’autre part, vous avez un peuple fragmenté, estropié, pas encore souverain, avec une économie au bord de l’asphyxie – surtout quand elle subit le bouclage israélien : les Palestiniens. Il faut savoir que les 22 % de territoire oc­troyés aux Palestiniens dans les projets de paix, jusqu’à présent, ne constituent pas un morceau homogène mais des confettis. Notre objectif c’est, en rendant compte de la situation réelle, d’exiger l’application des résolutions de l’ONU. Lorsque l’Irak a transgressé le droit international en envahissant le Koweït, la machine de guerre a immédiatement été lancée (avec des abus). Tandis que la résolution 242 de 1967 qui or­donne l’évacuation des territoires occupés par Israël est restée lettre morte. Aucune me­nace de recours à la force n’a été formulée. La loi internationale – et c’est le principe de base de toute loi – n’a de sens que si elle est égale pour tous.

Le droit au retour est aussi inscrit dans la loi internationale. C’est un problème éthique, pas une question mathématique. Elle existe éternellement pour Israël : n’importe quel Juif dans le monde peut devenir citoyen is­raélien et habiter Israël. Et on voudrait que ceux qui ont été chassés de leur propre mai­son après la guerre n’aient pas le droit, même potentiel, symbolique, une fois la paix advenue, d’y rentrer !

Qui interpellez vous ? Quel impact cela peut il avoir ?

G.H. : Nous voulons créer une prise de conscience dans l’opinion et ça n’est pas facile car il y a un véritable laxisme à l’égard d’Israël dont le fond de commerce, la Shoah, culpabilise et muselle tout le monde, même lorsque la victime devient bourreau. Nous interpellons nos autorités. Hubert Védrine, ministre des affaires étrangères, nous a reçu avec beaucoup d’intérêt. La France peut agir aussi sur les autres membres des Nations Unies afin qu’ils refusent la force comme seule loi possible, les USA comme seul arbitre. Notre collectif s’adresse à tous les citoyens en général parce qu’ils peuvent avoir du poids en s’exprimant sur cette question, en participant aux initiatives. De même, en Israël, il y a aussi des citoyens qui se battent pour la paix, qui ont combattu Sharon. Leur mouvement s’appelle Peace Now. Il est exemplaire et nous leur exprimons notre solidarité.

Quelle analyse faites-vous de la situation depuis l’élection d’Ariel Sharon comme premier ministre israélien ?

G.H. : Je ne suis pas très optimiste – mais comment l’être ? Sharon n’est pas seulement le provocateur de l’esplanade des mosquées ; c’est un criminel de guerre. La commission israélienne Kahan l’a déclaré en 1983 responsable des abominables mas­sacres de Sabra et Chatila. Voilà qui a été élu pour « faire la paix » ! Il veut imposer un retour à la case départ, faire table rase de tout ce qui a été acquis après tant de douloureuses tergiversations, anéantissant de fait les accords d’Oslo. Une spirale de la violence est prévisible. Mais à moins de n’avoir aucune parcelle d’humanité en soi, il faut comprendre que le peuple palestinien est à bout, au bord de la révolte totale. Si j’étais palestinienne dans les territoires oc­cupés et qu’on me parlait de paix dans le rapport de force actuel, je ne pourrais plus y croire et deviendrais une « desperada ».

Il faut un revirement brutal et fort pour se rasseoir à une table et négocier à partir de ce qui était acquis ou en cours, sinon il n’y aura qu’attentats désespérés et représailles sanglantes. La paix ne peut être atteinte sans négociation. Il faut faire pression sur l’opi­nion israélienne pour que, majoritairement, elle le comprenne. C’est le sens de notre initiative, de notre appel à tous les citoyens.

*** *** ***

Propos recueillis par

Céline Lallemand


* Gisèle Halimi est avocate et membre du Collectif judéo-arabe de soutien aux Palestiniens.

 

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